Comment réussir la mission zéro plastique?

Publié le : 07/06/21
  • La directive européenne qui bannit un certain nombre de plastiques à usage unique entre en vigueur le 3 juillet. L’occasion de changer les mentalités en privilégiant d’abord la réutilisation avant le recyclage. Le point sur les solutions existantes.

    Cette fois, nous y sommes. Publiée en 2019, la directive européenne entre en vigueur ce 3 juillet 2021. Cette directive interdit la mise en marché d’un certain nombre de plastiques à usage unique. À savoir :

    • Les coton-tiges
    • Les couverts (fourchettes, couteaux, cuillères et baguettes)
    • Les assiettes
    • Les pailles
    • Les touillettes
    • Les tiges des ballons de baudruche destinées aux particuliers
    • Les récipients et gobelets en polystyrène expansé

    Dans cette même directive se trouve un objectif de collecte de 90 % des bouteilles en plastique d'ici à 2029 dans l’ensemble de l’Union européenne. Les bouteilles commercialisées dans l'UE devront contenir au moins 25 % de plastique recyclé en 2025 et au moins 30 % en 2030. Enfin, signalons que les fabricants de filets de pêche et de récipients destinés aux fast-foods devront supporter le coût de collecte séparée et de traitement de ces déchets.

    Des chiffres effrayants

    Pourquoi de telles mesures ? Il faut replacer les choses dans leur contexte. Le plastique est un sous-produit de l’industrie pétrochimique. Le terme regroupe un ensemble de matériaux synthétiques issus des hydrocarbures et formés par polymérisation. On les trouve partout et pour tous les usages. Il s’en produit 400 millions de tonnes par an dont la vaste majorité est à usage unique et n'est quasi pas recyclée. Ainsi, sur les 9,2 milliards de tonnes produites entre 1950 et 2017, on estime que moins de 10 % ont été recyclés. N’allez surtout pas croire que les bioplastiques soient la panacée. Certes, la matière première est durable mais qu’ils soient biosourcés ou biodégradables, ils terminent leur vie comme un déchet… Toutes les sortes de plastique finissent soit dans une décharge, soit dans un incinérateur, soit dans les océans. On estime ainsi que chaque minute, un camion déverse son contenu de plastique dans les océans, soit 10 millions de tonnes par an. Il existe ainsi, à l’heure actuelle, cinq grandes soupes au plastique dans les mers du monde entier : deux dans le Pacifique, deux dans l’Atlantique et une dans l’océan Indien. À titre d’exemple, le gyre du Pacifique nord a une superficie quasi cinq fois supérieure à l’Allemagne…

    bouteille en plasticEnfin, ce qui inquiète le plus les scientifiques, ce sont les micro- et nanoplastiques. Les premiers (moins de 5 mm de diamètre) sont une véritable plaie environnementale qui s’insinue partout. Y compris dans les sols et dans les organismes des animaux qui les ingèrent. Malgré une stratégie de lutte spécifique, on retrouve chaque année des tonnes de ces microplastiques dans le port d’Anvers où est concentrée une forte activité pétrochimique. Quant aux nanoplastiques, on les soupçonne de s’infiltrer jusque dans nos cellules… Enfin, dans la stratégie de réduction des émissions carbone, il faut savoir que tous les stades du cycle de vie des plastiques correspondent à 10 à 12 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre !

    Adopter la stratégie des 4R

    Pour toutes ces raisons, il convient de restreindre l’usage des plastiques et de bannir ceux à usage unique. Le plus fou dans cette histoire, c’est que dans ce dernier cas, il s’agirait simplement de revenir une cinquantaine d’années en arrière. Les plus âgés d’entre nous se souviennent du laitier qui déposait (et venait rechercher) ses bouteilles en verre sur le pas de votre porte, du brasseur qui livrait eaux et bières dans des contenants en verre consignés, du maraîcher qui vendait ses fruits et légumes sans emballage, du pharmacien qui sortait vos médicaments de grands pots en verre et du boucher de quartier qui emballait la viande dans du simple papier sulfurisé…

    Aujourd’hui, la bonne stratégie est celle des 4R pris dans l’ordre : refuser, réutiliser, recycler et revaloriser.

    • Refuser, c’est éviter la production de déchets et avoir des attitudes d’achat différentes : préférer le recyclé, le durable, ne pas se servir de paille, etc. Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !
    • Réutiliser, c’est utiliser de la vaisselle lavable plutôt que du plastique à usage unique, ne se servir que de piles rechargeables, n’acheter que des contenants en verre consignés, etc.
    • Recycler, c’est donner une seconde vie à de nombreux produits ou objets.
    • Revaloriser, c’est encore récupérer quelque chose de ce qui va partir à la décharge ou être incinéré : du méthane peut être produit à partir de déchets végétaux ; du plastique, par des moyens biologiques, peut être utilisé pour produire de l’énergie, etc.

    Les solutions antiplastiques

    Chez Sodexo, nous n’avons pas attendu le 3 juillet pour bannir les différents objets en plastique à usage unique visés par la directive européenne. C’est entièrement le cas depuis mars dernier et même depuis 2019 pour les touillettes et les pailles.

    « L’objectif est de ne plus avoir le moindre plastique à usage unique sur nos sites d’ici fin 2022, espère Morgane Lambaux, Food Quality & Sustainability Expert. Sodexo profite de l’occasion pour faire une rupture : penser d’abord réutilisable avant jetable. Bien sûr, cela demande quelques changements – de mentalité, d’habitude – et une adaptation du fonctionnement sur site pour éviter de retomber dans la facilité du jetable. »

    Ainsi, des gobelets consignables BillieCup ont été déployés sur plusieurs sites Sodexo pour profiter d’une pause-café durable. « Nous avons également édité – pour les situations où le jetable est inévitable – un guide reprenant les matériaux interdits et les matériaux privilégiés, en fonction de leur meilleur score environnemental, précise Moragne Lambaux. Différentes options sont donc possibles en fonction des besoins de nos clients et des consommateurs. » Penser circulaire est aussi devenu un moteur du changement. Pas seulement dans le choix des contenants. Il s’agit aussi de réfléchir à leur « nouvelle vie » et donc d’assurer le recyclage. Clients et consommateurs sont sensibilisés pour effectuer le bon tri.

    Réutiliser, c’est monter un circuit qui fait qu’on ne jette plus. À cet effet, le verre est évidemment la matière de choix en termes d’expérience consommateur via sa facilité d’utilisation et sa transparence. Même si sa production n’est pas exempte de reproches en termes d’émissions de carbone. En Belgique, il existe déjà des solutions qui proposent de tels circuits.

    C’est le cas de Bring back, une start-up de la région liégeoise. Elle a calculé que sa solution génère 80 % de CO2 en moins que le recyclage de verre à partir d’une bulle à verre et 20 fois moins de déchets. Bring back propose un service complet de fourniture d’emballages réutilisables : bocaux, bouteilles, couvercles, étiquettes et casiers. Elle les fournit à ses clients (producteurs, fermiers, restaurants collectifs, etc.), vient les rechercher, les lave et les reconditionne. Ce système est basé sur un système de consigne et de retour pour le consommateur.

    En Belgique enfin, bwat va s’attaquer sous peu à un autre type de déchets : les boîtes à pizza ! Plus de quatre milliards sont jetées chaque année (elles ne peuvent pas aller dans les filières de recyclage en Belgique) dans le monde entier. La start-up bruxelloise mettra sur le marché d’ici à la fin de l’année une boîte réutilisable et 100 % recyclable destinée aux pizzerias, traiteurs et restaurants mais aussi aux boulangers et aux pâtissiers. Elle permettra d’emballer de façon durable les pizzas, tartes et autres quiches. bwat entend aussi mettre en place un système de consigne. Le projet est toujours au stade du crowdfunding sur Ulule.

    Finalement, la réussite de cette circularité des contenants passe aussi par un changement de comportement des consommateurs. Car la consigne et le retour supposent une certaine discipline. Mais finalement, c’était bien comme cela il y a plus de 50 ans…

    Contactez-nous Partage ouvert et autres actions